Il y a peu de temps, on nous a répété, par tout média existant, que dans notre pays les détenus ne faisaient que la moitié de leur peine, plus personne, même au plus profond de nos campagnes, n’ignore ce fait qui est devenu acquis.
Ça faisait suite aux méfaits de ce pédophile récidiviste qui n’avait pas effectué sa peine en totalité. La Ministre de la Justice, se devant de réagir à chaud, nous a promis des lois plus restrictives.
Et quand on établit de nouvelles répressions pour cette catégorie de délinquants, dans la foulée, elles servent aux autres ; juste se souvenir du fichier génétique, qui à la base leur était destiné et qui est imposé aujourd’hui à tout détenu, faucheur volontaire, syndicaliste, y compris. (400 000 français y figurent!)
On avait entendu N. Sarkozy en campagne tenir ces propos : «Je ne comprends pas […] pourquoi un condamné ne fait que la moitié de sa peine et pas la totalité de celle-ci.» le 7 mars 2007 lors d’une rencontre avec les lecteurs de Sud Ouest. Rachida Dati rajoutait plus tard : «Je ne veux plus qu'un condamné sache d'emblée qu'il n'exécutera pas la totalité de sa peine».
Ce discours pernicieux va imbiber pour longtemps le cerveau de futurs jurés qui auront tendance à être plus généreux au niveau du nombre d’années à distribuer, ils multiplieront leur demande de peine par deux et oui, en France, on sort à moitié peine. C’est presque un appel à la délinquance.
Peu après, Il y a eu la conditionnelle de Bernard Cantat et la lettre de la mère de Marie Trintignant envoyée à la présidence de notre République. Cette dame, dont je respecte infiniment la douleur, avait mal été renseignée par ses avocats.
En correctionnelle, le jeu ne changera pas, car les juges savent eux.
Ils savent que cette affirmation est un mensonge. Pour pouvoir sortir en conditionnelle il faut remplir certaines conditions, la plus importante se nomme «promesse d’emploi». Le genre de promesse que l’employeur a intérêt à tenir, sous peine de poursuites pénales, pas de celles dont usent et abusent certains hommes politiques d’après Pasqua. Et, ce type de patron n’est pas courant.
Quand on est connu (Cantat, Le Floch et bien d’autres VIP) l’emploi on l’obtient plus facilement. Chez ces gens-là, monsieur, on l’obtient la mi-peine. Faute avouée (ou pas) est à moitié pardonnée.
Mais, pour l’énorme majorité des condamnés, la tâche est plus dure, carrément impossible.
Vous en connaissez beaucoup vous des entrepreneurs prêts à embaucher un détenu ?
Déjà, des qui embauchent des employés «normaux» il y en a de moins en moins, voir du côté de la crise de l’emploi.
Vous en connaissez, qui vont embaucher un détenu qui a passé son CAP de pâtisserie en prison et qui en plus a un patronyme à consonance française nord-africaine ?
Si la famille du détenu, malgré ses multiples démarches désespérées et minée par cette impuissance, n’arrive pas à trouver une promesse d’emploi, le détenu n’a comme solution que d’éplucher les offres d’emplois, il est aidé par un travailleur social en taule.
Tiens, aujourd’hui, pour nous, il entoure une offre qui correspond à son cursus, il y a un numéro à contacter.
Vous imaginez la scène, il faut appeler l’éventuel employeur, lui proposer votre candidature, lui parler de vous, lui expliquer d’où vous appelez, vous montrer persuasif et sûr de vous, le travailleur social en attestera si besoin. En général, on vous dira qu’il faut un type dans l’immédiat, l’entretien sera clos poliment.
On est dans un bon jour, il veut vous rencontrer, alors faut travailler durement avec le travailleur social qui vous suit pour tenter de demander une autorisation de sortie pour le jour « J » et faut pas se rater ce jour-là.
De toute façon, c’était pour remplir du blanc, ce genre de rencard n’existe pratiquement pas, sauf avec une association, s’il reste des places.
Autres conditions pour demander une conditionnelle : ne pas être en état de récidive (ça retarde), avoir un lieu de résidence favorable à sa réinsertion ; d’autres nombreux éléments entrent en jeu
Le Comité des ministres du Conseil de l’Europe a estimé le 24-9-2003, que la libération conditionnelle était «l’une des mesures les plus efficaces et les plus constructives pour prévenir la récidive et pour favoriser la réinsertion sociale des détenus dans la société». En Suéde, par ex, elle est accordée d’office.
En France, elle concerne une part sans cesse décroissante des libérés, en 2001, 9,2% en bénéficiait, en 2004, 5,8%, une évolution confirmée en 2005 (5 866 demandes en 2004 contre 5 671 en 2005). Finalement, la liberté Conditionnelle ne concerne que très peu de détenus.
Elle est attribuée par le JAP , et ils n'ont pas tous la même vision de leur profession.
De plus, les conditionnelles sont délivrées après une période effective de détention de plus en plus longue, au minimum après les 3/4 de la peine.
Malgré tout, rien ne "les" empêchera de voter de nouvelles lois.
Tous les chiffres cités viennent du Guide du sortant de prison, édité par l’OIP.(Observatoire International des prisons)