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  • LE TOUR OFF FRANCE, SCOOP!

    UN PREMIER SCOOP POUR LE BLOG  "Tranches de vue"!

    Nous avons pu nous procurer un projet de parcours pour un prochain tour de France, qui changerait de nom dans la foulée et deviendrait alors : "Le Tour off France". 

    Afin de rendre sa virginité à cette magnifique épreuve nationale, il n'y aura plus que 4 étapes et elles auront lieu à l'étranger. Ainsi, notre territoire sera enfin épargné par ce fléau qu'est le dopage.

     

    Comme promis, voici le parcours qui apparaît sur la carte (de notre service cartographie) : 

     medium_touroff.3.jpeg

    A- Passage dans le tube du tunnel [ça fait fantasmer]

    B- Trois jours de courses en ligne à Amsterdam.

    C- Un long week-end en Afganistan + 3 jours en Taihlande.

    D- Médellin-Bogota [En ligne aussi] 

     

    Pour les inscriptions faut payer cher voir le webmaster.

  • LA MOUSSE [Nouvelle 08]

    Sur la liste, il y avait quantité de noms inscrits avant le mien. Certains avaient déjà acquis une belle notoriété dans leur spécialité, d’autres avaient fait la une de divers journaux, les meilleurs avaient eu droit à leur heure de gloire grâce à des passages furtifs sur les chaînes de télé. Mais, cela n’a pas compté aux yeux du directeur du centre socio-culturel.

    Il a lu mon dossier attentivement, m’a posé quelques questions, afin de cerner ma personnalité et finalement, m’a annoncé que je commençais le lendemain. Le temps passerait mieux en travaillant. De plus, ce poste me convenait tout à fait, j’aime les livres, c’est physique.

    Une semaine après avoir déposé ma candidature, j’étais bibliothécaire. Six mille livres et des tas de revues, dans sa catégorie, la bibliothèque était une des plus importantes du territoire. Trois cents personnes postulaient à cet emploi et c’était moi l’élu.

    Les jours ouverts au public, trois par semaine, je restais derrière un bureau sur lequel était posé un ordinateur. Chaque livre avait une référence, chaque lecteur un numéro. Il me fallait saisir les deux sur la même fiche du logiciel quand le deuxième se présentait à moi avec le premier sous le bras. La durée de l’emprunt ne devait pas dépasser la quinzaine.
    Les deux autres jours, je faisais du rangement, je réparais les couvertures abîmées, je lisais et je pensais. À force de penser, je m’abîmais.
    Mon prédécesseur à ce poste, qui m’avait formé avant d’être muté ailleurs, avait choisi un rangement par thèmes, rayon roman, rayon scientifique, Arlequin — peu lu — historique et un rayon «divers».

    Au bout de quelques semaines, je connaissais tous les lecteurs de l’endroit, bien qu’il y ait beaucoup de mouvement. J’avais échangé quelques mots avec tous ; même les plus timides, les plus primitifs me serraient la main et me demandaient conseil sur les bouquins. Il y avait des groupes qui se formaient, de grandes tables leur permettaient d’échanger confortablement des idées et des paroles,.

    Presque tous, sauf un.

    J’étais entré en fonction le lundi suivant l’entretien avec le directeur. Et, je l’avais remarqué, il était là, le premier à l’heure d’ouverture. Il venait tous les lundis, il restait planté devant le rayon histoire.
    Il était à la recherche de toutes les biographies existantes, sur toutes sortes de personnages historiques. Sa fiche m’avait appris qu’il avait déjà consulté les trois quarts du rayon. Il n’était inscrit que depuis trois mois, une biographie est bien souvent aussi épaisse qu’un bottin téléphonique, il repartait toujours avec trois volumes, c’était un gros consommateur.

    Personne ne lui adressait la parole. Mon prédécesseur m’avait conseillé de me tenir à l’écart de ce type, «que c’était le genre à ne plus se décoller de sa proie», je n’avais pas saisi la métaphore et, pas posé de question.

    Un autre lundi, je rangeais des livres sur des rayons, mes yeux ont traîné brièvement dans sa direction.
    Sans demande de ma part, il a saisi ce regard fugitif comme s’il s’agissait du filin lancé du paquebot au naufragé.

    Il m'expliqua qu'il passait tout son temps à faire un arbre généalogique et qu’il fallait que je lui récupère toutes les biographies dont il avait noté les références sur une feuille qu’il me donna.

    Jusqu'à cet instant, je pensais famille pour ces arbres-là. Lui voyait immense, l'arbre de France, partir de Charlemagne, et terminer par lui-même.

    — Pourquoi Charlemagne ?
    — Parce que c’est le personnage le plus ancien du rayon !

    L’homme était petit, rond, dégarni et brun. Il ressemblait à une poupée russe aplatie dans un miroir déformant. Ses yeux sombres, fiévreux étaient trop rapprochés. La vie n’avait pas dû être simple pour lui, il était parti avec un fort handicap.

    Quand il conversait, il y avait toujours de la salive qui reliait ses lèvres. Aussi, en l'écoutant par politesse, je m’accordais le droit de porter mon regard sur ce phénomène et je ne voyais plus que cet endroit.
    Je regardais sa bave, j’avais tout temps, plus ses lèvres s'activaient plus la mixture semblait épaisse, consistante. S'étirant en minces filets blancs quand sa bouche s'ouvrait pour laisser passer un mot ; créant un petit monticule moussant sur la lèvre inférieure, comme de l’écume.

    Je ne sais pas pourquoi je réagissais ainsi, sans doute le contexte ; si cette rencontre se produisait aujourd'hui, je suis sûr que je n’agirai pas de la même manière, sans doute le lieu. Je regardais, je l’écoutais pas.


    Quand il se présentait au guichet, pour rendre les ouvrages, j'évitais de prononcer la formule : « Comment ça va ? », très usitée lorsque deux personnes se saluent dans notre pays. Juste un « Bonjour » neutre et bref.

    Je ne lui demandais jamais si ça allait, je redoutais les conséquences, ses confidences. Je me contentais d'enregistrer ses retours et ses emprunts le plus simplement possible ; pas de commentaire, même pas sur la météo, pour finir peu généreusement avec un : «à lundi prochain !»

    Mais un jour, il me prit à l'abordage. Il me demanda si je savais ce qu'était un enfant et si j'aimais ça, les gosses ?

    Je lui répondais qu’il était bien tombé, que j'en avais deux, une grande, un petit, une fille, un garçon. Je lui faisais part de mon inquiétude concernant ce sujet, tout en l’amenant vers la sortie. En effet, si j'en avais eu un troisième et que la nature eut voulu respecter cet équilibre parfait, aurait-il été androgyne ? Quelle taille aurait-il ? Malgré leur incohérence, il sembla satisfait par mes propos, il me le manifesta par un sobre acquiescement de tête. L’hermétisme volontaire de mes allégations, portées par un grommellement, ne l’avait en rien dissuadé. Il était satisfait.

    En vérité il se foutait de ma réponse. Peu lui importait qu'elle ne soit constituée que de mots qui se suivaient sans aucun sens précis, il voulait entrer, c'était tout.

    Les enfants étaient la clef avec laquelle il avait trouvé l’entrée, il ne lui restait plus qu'à prendre possession des lieux. Il pouvait déposer ses obsessions, ses tracas, en vrac dans ma tête ; il avait enfin trouvé quelqu'un avec qui les partager. Il n’y avait plus que nous dans la salle, c’était l’heure de la fermeture pour les abonnés. Il avait trouvé la faille.

    Vite, il fallait qu’il parle vite avant de sortir, aurait-il une autre occasion ?. Je n’avais aucune envie de l’entendre, j’avais mes problèmes, je savais que les siens ne régleraient pas les miens.

    Lui aussi avait des enfants, il les adorait et ils le lui rendaient tellement bien... Enfin, tout cela c’était du passé, maintenant il ne les voyait plus du tout.


    — À l’heure où je vous parle, ils ont un nouveau papa. Ils sont obligés de l'appeler Papa, sinon il les tape…

    Lui avait confié sa petite dernière, en s'accrochant à sa jambe, un jour de visite. Lequel, je ne sais pas, car il me livrait le tout dans le plus profond désordre.

    — Leur nouveau papa est un maquereau, me précisa-t-il.

    Il s'excitait en se confiant, il avait un débit très rapide, il profitait à fond du bonheur que je lui offrais : l’écouter. Il devait être très seul.
    Mon oreille était comme un entonnoir, ses mots s'écoulaient, son débit saccadé me saoulait. Il en profitait.

    Et toujours cette salive malaxée, à l'apparence d’un blanc d’oeuf battu en neige, installée dans les coins de sa bouche. On m’a dit bien plus tard que les neuroleptiques procuraient ce genre d’effet secondaire. Ses yeux étaient encerclés par un trait sombre, constitué d'épais sourcils et de cernes consistants.


    Il me confirma qu’il avait bien vu que sa femme lui criait quelque chose, mais il n'avait pas compris. Il était au volant de la voiture, le moteur tournait, elle était debout, au milieu de la rue, les mains sur les hanches, devant tous les voisins, elle le provoquait, le ridiculisait encore une fois, en public.

    Alors, il n'avait pas hésité, il lui avait foncé dessus, il était passé sur ce corps. Méticuleux, il avait rajouté une marche arrière, pour toutes ces d’années d’humiliation. Puis, il avait garé sa voiture, sans aucun regard pour le corps.

    Il avait rejoint le bar le plus proche et avait prévenu la police. Le patron du troquet lui avait répété ce qu'elle avait crié : « Vas-y, fais-le si tu es un homme, qu'elle t'a dit ! »

    Donc, sans comprendre ses paroles, il le lui avait prouvé, c’était bien un homme…
    — Elle est allée trop loin ! Il savourait son dernier cognac en se confiant au bougnat. Elle est allée trop loin, si tu savais…


    Quelque temps auparavant, à Marseille — il vivait dans cette ville —, « ils » — j’avais compris sa femme et son amant — lui avaient enlevé ses gosses. « Ils » les avaient emmenés dans la capitale. « Si tu essayes de les revoir, on te tue ! », lui avait téléphoné sa femme.

    La défiant, il y était allé, mais il avait failli se tuer tout seul dans un accident de la route, il avait dû rebrousser chemin après un séjour à l’hôpital, et personne n’avait pris en compte cette preuve d'amour, de courage.

    Il était devenu la risée de son quartier, tous ces gens riaient de lui, même ses anciens amis, même les commerçants, ceux-là mêmes chez qui il dépensait son argent quand il existait encore ; « cocu » qu'il entendait, qu'il voyait dans leur regard.

    Il y avait ceux-là, mais en quittant la rue, il rentrait chez lui et il y avait sa famille, avec ses regards et ses sous-entendus.

    Alors, désespéré, il avait essayé de se suicider deux fois, sans parvenir à sa fin. Les comprimés qu’il avait avalés n’étaient pas assez puissants, il avait dormi presque trente-six heures d'affilée. L’anneau auquel il avait noué la corde s’était descellé au mauvais moment, le bloc de ciment qui le tenait, lui avait déplacé une épaule. Accentuant par son incapacité à mourir, le ridicule qu'avait occasionné son incapacité à exister.

    Il était allé se plaindre à la police, au juge, du fait qu'il ne pouvait plus voir ses enfants, mais sa femme l'avait devancé dans tous ces endroits où il aurait pu trouver de l'aide. C’était elle la responsable sur le Livret de Famille. Aucun ne le croyait, il n'intéressait plus personne, il n'était plus crédible. Il avait besoin d'une amicale oreille à qui se confier, il n'en trouvait pas, plus rien ne lui prêtait un semblant d'attention, sauf moi, acculé.

    Il  avait beaucoup de temps de libre devant lui, quinze ans au moins. Peut-être, tentait-il en créant son arbre généalogique universel de retrouver quelle était la cause génétique de son malheur présent.
    Qui en était responsable ? Pourquoi en était-il là ?

    Il était en colère, on lui avait donné la vie, toutes les questions qui vont avec et pas de mode d'emploi, ni de réponse toute prête à cocher, comme dans les tests qu’on lui avait fait passer. Tout était compliqué.


    Je refermais la porte derrière lui. Une heure, de rangement de rayons, plus tard, je franchissais la même porte, je descendais un escalier en colimaçon, sans fenêtre. À l’arrêt devant une porte, je sonnais à l’aide d’un bouton placé à cet usage. Il était relié au QG de surveillance du bâtiment, un type en uniforme bleu devait regarder une lumière rouge clignoter sur son plan de travail. Il devait aussi regarder ma tête dans l’écran correspondant à la caméra qui me filait depuis la bibliothèque. Il me connaissait, il appuya sur le bouton rouge qui passa au vert, ma porte se débloqua, j’arrivais au nœud central de la Maison d'arrêt.

    Un long couloir sans fenêtres, fortement éclairé par des néons, me mena tout droit à ma cellule, j’étais heureux d’y trouver une lettre, glissée sous la porte par le surveillant, à l’extérieur des personnes m’aimaient encore.

    FIN

  • JE SUIS UN SALAUD [Nouvelle 07]

    Quand vous lirez ces lignes, je serais mort. Je ne sais pas vraiment depuis quand, mais c’est sûr, je ne ferais plus partie de ce monde.



    Cette nana, appuyée sur la balustrade, c'est Bianca. Je croyais qu'elle n'aimait que moi. Elle me le disait tellement souvent que j'en aie quitté ma femme et nos deux gosses pour pouvoir n’écouter que ses déclarations.
    J'ai détruit cette famille et je n’ai plus cru qu’à cette dernière passion, grave énormité de ma part. La vie d’un pilote, un aventurier à ses yeux, c’était excitant pour une jeune femme comme elle.

     

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    J'ai vécu deux ans avec Bianca et c'est vrai, c'était torride ; parfois, c’était carrément épuisant — pour moi — j'ai vingt ans de plus qu'elle.
    Je vais passer sur les moments fantastiques que j’ai connus  avec cette fille. Ne comptez pas sur moi, non plus, pour vous la décrire — elle est magnifique — je ne suis pas doué pour la littérature et ce n’est pas le but de l’exercice. Je vais juste vous raconter le terme de mon — notre — histoire.



    Cet été, j'ai été embauché pour faire le Festival de Cannes. Tous les jours, à heures fixes, je tirais une banderole annonçant la sortie du dernier film d'un metteur en scène américain. Un après-midi, mon appareil n'a pas voulu décoller, un petit problème mécanique qui a provoqué son immobilisation, en attendant la pièce défectueuse, jusqu'au lendemain.

    Je suis rentré deux heures plus tôt que prévu.


    Ce jour-là, je me suis « crashé », comme on dit dans notre jargon. Le terme approprié quand l’atterrissage est du genre brutal. La plupart du temps, l’équipage y passe.


    Mais dans ce biplace, il n’y avait plus que moi, à la dérive ; c’est une image ce biplace, c’est de ma vie dont je vous parle.

    De retour à l’hôtel, je suis entré dans la chambre avec la délicatesse d’un chat. Je voulais la surprendre nue, offerte au soleil — donc, à moi — sur le balcon ; juste pour la regarder. De la façon dont avait été conçue cette chambre, je pouvais fort bien réaliser ce gentil fantasme, sans me faire remarquer… tout simplement en regardant à travers le rideau.

    Dans le ciel, le « Cessna» du second pilote de mon employeur faisait son boulot… Bianca devait penser que c’était moi.

    Elle était bien nue. Mais, je l’entendais plus que ce que je ne la voyais. Sa silhouette chevauchait un type en gémissant de plaisir; en plus, cette salope suivait, de la tête, les évolutions de l’avion. Elle riait.

    Je n’ai pas crié, pas frappé. Un pilote doit garder son sang-froid, quelle que soit la situation, c’est dans tous les cours de pilotage. J’ai tourné le dos et je suis reparti, j’ai picolé jusqu’au soir. Je ne lui en ai jamais parlé.

    Il y a six mois exactement que cette vision m’obsède. Quant elle se blottit contre moi, en me susurrant des « je t’aime », j’ai envie de l’étrangler sur place. Mais, je me retiens, je n’ai pas envie de devoir supporter ces cons qui vont me juger. Elle va mourir, c'est prévu mais, en même temps, elle comprendra pourquoi et moi, je ne paierai rien, je partirai.


    Ça me fait mal quand je pense à mes gosses et à leur mère, c’était une autre vie.

    ***

    Aujourd’hui, c’est mon dernier vol, je suis le seul à le savoir. L’avion est rempli d’explosifs reliés ,par une paire de fils, à un contacteur, un bouton rouge. Un aller simple pour l’enfer, j’y attendrai Bianca, bien au chaud.

    ***

    Je lui ai dit que je lui préparais une surprise, une figure inventée rien que pour elle et qui portera son nom. Et, que je comptais sur elle — excellente photographe — afin qu’elle en face plusieurs clichés.


    Hier, on a mêlé l’utile à l’agréable. Il faisait beau, on a suivi un sentier, longeant le bord de mer, à la recherche de l’endroit idéal pour les prises de vues. On a trouvé un coin à quelques mètres d’un palmier. Je lui ai demandé — expressément — de se tenir à cet endroit avec l’appareil photo. Après, on a niqué… pour la dernière fois.
    La barrière en bois jaune et le palmier, ça me faisait deux repères pour bien la situer à partir de l’avion.

    Dans la nuit, j’y suis retourné. J’ai fait en sorte — avec une scie, de la pâte à bois et un petit pot de peinture jaune — qu’à la moindre pression, cette partie cède et s’effondre dans le vide. Mon seul et dernier espoir, la concernant, c'est qu'elle sursaute devant mon explosion, au moins ça. J’y ai passé du temps, fallait pas que ça se voie.

     

    ***

    Dieu a été attentif, heureux de se débarrasser de nous deux d’un seul coup. Ce matin, de mon cockpit, je l’aperçois, elle me fait des signes. Elle est au bon endroit. J’appuie sur le bouton rouge.

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     Ça fait un grand « boum », comme dans les bandes dessinées. L’avion se coupe en deux, je suis devant, je descends à une vitesse folle. Je regarde du côté de la falaise et je souris, je vois son corps qui rebondit sur les rochers.Elle me rejoint, viens mon amour…

     

    FIN

     

    PS : j'ai demandé à Areuh — blogueur insignifiant, mais c’est le seul que je connaisse — de raconter mon histoire après ma mort, de faire une illustration, c’est plus esthétique. Et de tout balancer sur le Net. Que mes enfants sachent que je les toujours aimés.

     

    $$$ 

     

     
    Le « blogeur insignifiant », c’est moi. Toute cette histoire est réelle. J’ai reçu une lettre de Paul le Pilote deux jours après les faits. Il me demandait de la publier pour lui. Et, d’encaisser les droits si ça rapportait. C’est trop généreux de sa part… j’ai jamais encaissé un euro après voir publié une histoire sur le Net.


    On ne peut faire confiance à personne en ce bas monde, je lui avais répété mainte fois.

    Mais, maintenant qu'il n'est plus là, je peux dire la vérité : le mec, que Bianca chevauchait à Cannes,  c'était moi. Aujourd’hui, on a quitté la France, on vit ensemble en Amérique du Sud.

    Si elle ne s’était aperçue de rien dans la chambre d’hôtel, moi, j’avais vu le reflet de Paul dans les grandes vitres de la chambre.

    Depuis cet après-midi là, son comportement avait changé, je me doutais qu’il allait tenter de se venger. J’étais aux aguets.

    Le jour de son « accident », j'ai demandé à ma femme de l'époque — qui avait 23 ans de plus que moi et énormément d'économies — d'aller faire des photos des évolutions de mon ami Paul, pour enrichir son book.

    Oui, j'avais bien précisé l'endroit d'où je voulais qu'elle fasse les clichés. Bianca m’avait raconté la promenade au bord de la falaise.

    Je n’ai pas l’impression d’avoir trahi mon ex-copain, vu qu’il a bien aperçu un corps de femme tomber au moment où il mourrait, et que cela a dû lui faire un grand plaisir.

    Je l’avoue, je suis un salaud.


    FIN (La vraie)